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4 juin 2014 3 04 /06 /juin /2014 07:26

Le redécoupage régional de M. Hollande est une escroquerie à grande échelle : décidé, dans certains cas, à la dernière minute et après des tractations parfois bien peu honorables, il apparaît comme un assemblage purement technique, simple addition de régions destinée à créer des ensembles purement administratifs selon des critères vaguement économiques et selon des calculs dans lesquels les sentiments et l'histoire n'ont aucune place. En somme, voici une nouvelle manifestation de ce jacobinisme détestable qui est, depuis les origines, la marque de fabrique de la République, toujours centralisatrice dans ses profondeurs et ses pratiques institutionnelles !

 

Un découpage républicain, à l'image de la République...

Pourtant, l'occasion était belle de réparer les injustices des anciens découpages, autant ceux des départements nés de la Révolution que ceux des régions nées de la technocratie vichyste puis de la Quatrième République : occasion manquée, une fois de plus ! Ainsi, Nantes restera dans des Pays de la Loire sans réelle identité commune tandis que la Bretagne continuera à pleurer sa capitale des Ducs condamnée à rester de l'autre côté de ses frontières administratives... Et nos féodaux républicains viendront ensuite se plaindre du ressentiment des électeurs à leur égard ! En tout cas, les Bretons ont de quoi nourrir leur colère, déjà vive ces temps derniers, et les régionalistes, en particulier ceux qui se revendiquent de gauche (militants de l'Union Démocratique Bretonne, dont certains sont mes amis de longue date), peuvent méditer sur l'idéologie véritable d'un Parti Socialiste qui, loin du régionalisme discret de François Mitterrand, préfère raisonner en chiffres statistiques et « grandes eurorégions » technocratiques que penser en termes de mémoire et de destin. Le PS devrait pourtant savoir que l'on n'est pas amoureux d'un taux de croissance ou d'un cadre administratif, mais bien plutôt d'une terre, d'une histoire, parfois de mythes, qui donnent aux femmes et aux hommes d'un lieu des raisons de vivre quand l'Economique ne nous donne que des moyens d'existence qui, s'ils sont utiles pour remplir les estomacs, ne suffisent pas à faire battre le coeur des peuples !

Ainsi, ce combat ancien pour la reconnaissance de la Bretagne dans ses limites historiques va continuer : mais il me semble que le projet actuel du gouvernement, projet qui a surtout fait des mécontents dans tous les coins de France, nous rappelle que la République n'est plus qu'une structure froide et que son idéologie anhistorique est la négation des différentes formes d'enracinement qui, pourtant, permettent aux hommes et aux sociétés de ne pas devenir les esclaves de l'Economique et d'une mondialisation qui ne veut reconnaître que d'éternels nomades individualistes, simples consommateurs de

Un découpage républicain, à l'image de la République...

Le combat royaliste pour les racines, celles qui permettent aux arbres humains et sociaux de monter au plus haut et de résister aux tempêtes de l'histoire et à celles, parfois pires, de l'amnésie, est un combat toujours plus nécessaire : en piétinant les fruits des générations passées au nom d'une froide géométrie économiciste, la République de MM. Hollande et Valls risque bien de réveiller contre elle quelques chouanneries anciennes et d'en susciter quelques nouvelles...

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19 mai 2014 1 19 /05 /mai /2014 14:39
Mieux servir l'ensemble européen

Tribune de Jean-Philippe Chauvin.

Ouest-France 19 mai 2014

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13 février 2014 4 13 /02 /février /2014 17:22
Revue de presse, février 2014

Il s'est passé pas mal de choses à Rennes et en Bretagne en général depuis notre dernière revue de presse, dans le secteur économique comme dans la vie politique. Sur Rennes, Mario Piromalli, le plus gros franchisé McDonald's d'Ile et Vilaine a racheté les murs de la brasserie Pica. Apparemment l'endroit ne sera pas l'emplacement d'un énième lieu de vente de burgers surgelés mais devrait rester une brasserie. Louable intention, comme la création par le même Piromalli de Yao, un fond de soutien destiné aux jeunes entrepreneurs bretons. Mais cette respectabilité achetée ne doit pas nous faire oublier le projet d'installation d'un McDo place Saint-Anne, endroit où les archéologues de l'INRAP ont récemment localisé la plus vieille place de Rennes. En 1340 les confréries des métiers de la ville fondaient sur ce même lieu l'hôpital Saint-Anne. Demain, on y construira peut-être un franchisé représentant ce que la sous-culture mondialisée peut produire de pire.

Une autre de ces enseignes du manque de goût standardisé devrait bientôt s'installer dans l'Ouest. Starbuck et ses cafés au gras veut créer quinze points de vente en cinq ans dans la régions. En ce qui concerne Rennes, on peut supposer une installation dans le monstre qu'est le centre Alma, dans le centre-ville et autour des pôles universitaires. En ce qui concerne le centre d'achat de Rennes sud, sa fréquentation serait si élevée que Ouest France nous apprend le 28 janvier que de nouveaux parkings seront bientôt nécessaires. La mairie socialiste n'a donc pas fini de bosser pour la croissance des franchises mondialisées.

Leurs opposants dans la course à la mairie sont de la même eau. Monsieur Chavannat est en effet favorable à l'ouverture de commerces en centre-ville le dimanche. Bientôt les familles pourront donc pendant leur repos dominical aller acheter des vêtement nordico-bengladeshis à H&M après avoir fait leurs emplettes de bricolage à Leroy-Merlin. Que de progrès et de bonheur en perspective !

Pendant ce temps dans la région de Nantes, les travaux de l'aéroport de Notre Dame des Landes devraient bientôt être autorisés par le préfet. Peut-être ce magnifique outil servira-t-il a importer des produits de consommation que l'on produisait jusqu'ici dans le bocage. Plus sérieusement la disparition de champs de culture et d'élevage pour faciliter le mouvement de l’hyper-classe en mouvement perpétuel est obscène. Il est temps de décentraliser en relocalisant les emplois, de repeupler les campagnes avec des artisans et des producteurs qui font du bon et du sain. Mais cela n'est pas à l'ordre du jour.
Je n'évoquerai pas ici les prochaines élections municipales mais nous pouvons quand même discuter d'un micro-événement qui aurait pu avoir des répercussions nationales s'il n'avait pas été le fait du camp du Bien. En effet, après avoir courageusement aspergé d’ammoniaque un conférencier au sein de l'université Rennes II et avoir dégradé le hall du bâtiment B de cette même université les zélateurs de la pensée correcte ont joué au Grand Soir dans le centre-ville de Rennes. Après avoir défoncé les vitrines de quelques agences bancaires et immobilières ainsi que la façade d'un commissariat, ils ont démocratiquement mis le feu à une voiture immatriculée en Mayenne au bout de la rue de Saint Malo devant un traiteur cambodgien qui a dû être épaté de voir la Liberté en action. Le propriétaire de la-dite voiture se convertira sans aucun doute bientôt au gauchisme militant. Mesdames et Messieurs les anti-fa dièse, bravo !

Bien entendu, le NPA35 se félicite dans un communiqué de presse de la réussite de l'opération et le maire Delaveau note que « le Front national, qui n’est pas un parti comme les autres, a choisi de tenir un meeting salle de la Cité, avec le sens de la provocation dont il est coutumier ». En gros, bien fait pour le FN et tout ça est de sa faute. Bien sûr, pas un mot de Valls sur ces événements. Les antifas sont une milice du PS.

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28 octobre 2013 1 28 /10 /octobre /2013 14:43

Les cafés rennais résonnaient dimanche et encore ce lundi matin des échos de la colère des agriculteurs bretons et de la bataille autour du portique de Pont-de-Buis destiné au prélèvement automatique de la fameuse écotaxe : les télévisions d’information passaient en boucle les mêmes images des fumées, des bonnets rouges défiant les gardes casqués ou des manifestants blessés, à terre… Et cela discutait sec en lisant « Le journal du Dimanche » ou « Ouest-France-dimanche » qui faisaient chacun leur couverture sur « Les révoltés de l’écotaxe » ou « Vent de fronde en Bretagne ». Sur le comptoir d’un bistrot, comme une sorte d’intersigne, il y avait aussi le numéro « hors-série histoire » du magazine « Bretons » qui titrait, insolemment, « La Bretagne contre la Révolution ? », un chouan montant la garde en couverture…

Ce qui a mis le feu aux poudres en Bretagne, c’est cette taxe supplémentaire qui doit entrer en application au 1er janvier prochain, au moment même où la Bretagne affronte une de ses plus graves crises de l’emploi, entre les licenciements dans l’industrie automobile (usine PSA de Rennes-La Janais), dans celle des télécommunications (Alcatel-Lucent, là encore à Rennes mais aussi à Lannion), et, surtout, dans ce qui constitue encore l’un des principaux réservoirs de métiers et d’emplois de la province, le secteur agroalimentaire, avec la fermeture de nombreux abattoirs et d’entreprises de transformation de la viande et du poisson, en particulier dans le Finistère, là où la tension sociale est désormais la plus palpable et la plus explosive comme les jours derniers l’ont bien montré.

Cette écotaxe est donc bien mal venue : ce n’est ni le moment ni le lieu, si l’on peut dire, de l’appliquer, alors que la Bretagne subit de plein fouet les effets délétères d’une mondialisation qui respecte si peu (voire pas du tout…) les règles d’équité économique, de justice sociale et de souci environnemental ! Quelques exemples de cette folle et terrible mondialisation sans freins ni entraves : la concurrence déloyale des abattoirs allemands qui exploitent une population d’ouvriers misérables venus de l’Europe orientale et centrale, certains d’entre eux étant payés moins de 400 euros mensuels (!), et cela dans la première puissance économique de l’Union européenne, au cœur de celle-ci, sans que cela émeuve beaucoup la Commission européenne ; les multiples violations par les grandes multinationales de l’agroalimentaire des milieux naturels (destruction des forêts brésilienne ou africaine pour produire de l’huile de palme ou des agrocarburants, saccage des littoraux ou des fonds marins pour en tirer à moindre frais le maximum de ressources monnayables, etc.) et l’indifférence totale de celles-ci pour le bien-être animal ou la diversité des espèces végétales, etc.

Soyons clair : le système agroalimentaire dominant breton n’est pas exempt de reproches, loin de là, qui a, au nom de la modernisation (depuis les années 50-60 en particulier) et de la compétitivité, trop souvent pris les traits d’un productivisme agroindustriel polluant et de moins en moins « paysan »… Les mises en garde de quelques paysans traditionalistes de l’époque, comme ceux de la revue « Le Paysan biologiste », n’ont pas été entendues. D’ailleurs, comment auraient-elles pu l’être quand l’heure était dans les milieux économiques, les médias, mais aussi à travers les manuels scolaires de géographie par exemple, à vanter « l’adaptation de l’agriculture bretonne à la mondialisation », et se félicitant, au nom de la nécessaire modernité et « pour sortir de l’archaïsme » (termes mille fois entendus et lus depuis mes années de lycée et d’université), de la mise en place d’un système de production vu sous le seul angle économique et oublieux des conditions mêmes de production : il fallait produire, disait-on, coûte que coûte, pour exporter hors de Bretagne et « nourrir le pays », et les arguments développés par les milieux économiques dominants étaient les mêmes que ceux aujourd’hui utilisés pour pousser à la rapide modernisation des agricultures de l’Europe centrale et orientale, avec la bénédiction d’une Commission européenne là encore aveuglée par les seules finalités financières et économiques, mais aussi pour, dit-on, permettre le développement des pays d’Asie et d’Afrique ! Il suffit de parcourir la presse économique mais aussi et surtout les manuels de géographie de Seconde par exemple (les pages sur la question alimentaire…) pour s’en rendre compte ! Belle hypocrisie de ceux qui, de Paris ou de Bruxelles, des quartiers bobos ou des milieux « Verts », viennent désormais faire la leçon à des Bretons qui auraient, sans doute par facilité plus que par discernement, mais aussi souvent de bonne foi (qui n’est pas toujours la vérité…), adopté ce modèle agroindustriel hier vanté et aujourd’hui décrié en France mais toujours prôné pour les pays en développement, au nom de ce même « développement »…

Dans cette affaire, quoi qu’il en soit, les Bretons sont les principales victimes, certes parfois consentantes hier, mais aujourd’hui sacrifiées sur l’autel des grands principes et des petites vertus qui fondent la République centrale. Et, au lieu d’impulser en Bretagne (et ailleurs !) une politique nouvelle de redéploiement agricole plus respectueuse de l’environnement, la République fiscalise un peu plus une province fragilisée par la mondialisation et un secteur agricole menacé dans sa survie même : politique de Gribouille quand on pourrait espérer de l’Etat une véritable stratégie sur le long terme pour « réparer et préparer » ! Mais nous sommes en République, malheureusement, et le seul horizon semble être celui des élections : un horizon bien étroit, en somme, quand il faudrait regarder au loin, au-delà du calendrier électoral, et penser en terme de générations et de transmission…

Cette écotaxe, de plus, n’a rien de très écologiste : elle est d’abord une taxe qui profitera, entre autres, au consortium privé Ecomouv qui gère les fameux portiques et la perception de la taxe, consortium qui touchera, sur 1,2 milliard d’euros prévus par an, environ 250 millions (soit, pour l’ensemble de la France, plus de 8 fois ce qui sera prélevé par les portiques en Bretagne !). On aurait pu attendre, au moins, que la République évite de rétablir ce qui a, d’ailleurs, coûté si cher à la Monarchie d’Ancien Régime, c’est-à-dire le système des « fermiers généraux » chargés de récupérer taxes et impôts dans la royaume.

De plus, cette taxe si mal nommée « éco » doit, paraît-il, financer des projets d’aménagements ferroviaires, en particulier de ferroutage, alors même que la SNCF, elle, semble négliger dans sa propre stratégie le secteur fret, et qu’elle ne prévoit pas vraiment de recréer des voies de chemin de fer là où elles seraient bienvenues et nécessaires pour le transport de marchandises agricoles à moindre coût environnemental… De qui se moque-t-on, alors ?

Doit-on rappeler, aussi, que cette écotaxe ne sera pas perçue là où elle aurait pu avoir le plus de sens et de rapport, c’est-à-dire sur les autoroutes, aujourd’hui privatisées (à déraison, d’ailleurs) ? Du coup, les multinationales du Transport routier comme de l’agroalimentaire seront indéniablement favorisées, favorisant en retour les principes si peu vertueux sur le plan écologique d’une mondialisation « carbonée » à grande échelle ! Où est l’écologie là-dedans ?

La colère de la Bretagne, cette chouannerie agricole et industrielle, est donc plus que légitime : mais elle ne doit pas être qu’une colère, elle doit penser les sources de la crise et remonter à celles-ci, dans un exercice de « tradition critique », autant sur le plan économique, environnemental aussi, que politique… « Les Bretons contre la Révolution ? » : oui, deux siècles après, contre les conséquences de ses principes républicains, ceux d’un libéralisme économique mêlé de centralisme administratif et politique, et contre les attitudes d’un « pays légal et central », contre cette arrogance des maîtres de Bercy et des chantres d’une mondialisation qui pensent en chiffres et oublient les femmes et les hommes de chair et de sang !

Il est encore des portiques de l’injustice fiscale à faire tomber…

J-P CHAUVIN

www.nouvelle-chouannerie.com

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